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Accès aux soins des exclus : nouvelle alerte de Médecins du Monde
Publié le 18/10/2012
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Psychiatrie

L’an dernier, Médecins du Monde parlait d’un « krach sanitaire ». La situation, à en croire son rapport annuel pour 2011, n’a pas changé. L’association constate à nouveau « une importante détérioration des conditions d’accès aux soins des populations les plus fragiles ». Nantes, très concernée par la précarité des migrants, ne fait pas exception à cette situation nationale.



Place du Commerce à Nantes mercredi. Médecins du Monde présentait son rapport annuel à l'occasion de la Journée du refus de la misère (Photo D. Prochasson).

Quatorze pour cent de la population française sous le seuil de pauvreté (964€ par mois selon les derniers chiffres de l’Insee) en 2011, c’est un point de plus que l’année précédente. Pour Médecins du Monde, qui l’indique dans son rapport 2011, cette « dégradation des conditions de vie s’accompagne d’une complexité de l’accès aux soins liée à un système de santé de moins en moins solidaire. »

Les migrants en première ligne

En 2011, le Centre d’accueil, de soins et d’orientations (Caso) de la rue Fouré à Nantes a accueilli 352 patients, soit 18% de plus qu’en 2010. Plus de 94% d’entre eux sont des étrangers, essentiellement d’origine algérienne, guinéenne, congolaise et roumaine. Et deux personnes sur trois n’ont pas de logement ou un hébergement précaire.

Une des raisons mises en avant pour expliquer cette hausse permanente des consultations : la saturation des dispositifs d’accès aux soins et notamment de la Pass (Permanence d’accès aux soins de santé) de Nantes. À cela s’ajoute le fait que beaucoup de personnes méconnaissent leurs droits ou rencontrent des difficultés administratives à les faire valoir. Parmi les personnes passées en consultation à Nantes, près de 40% de celles qui avaient des droits théoriques ne les avaient ainsi pas ouverts.

Conséquence : les retards dans la prise en charge des pathologies sont de plus en plus fréquents, note le rapport. « Cela concerne une personne sur trois », précise le docteur Philippe Jarousse, délégué régional de l’association.

L’enjeu de la psychiatrie

À Nantes, près de 50% des consultations au Caso concernent des migrants présentant des troubles psychologiques. En 2011, 70 personnes ont été suivies à raison de 7 consultations en moyenne par patients. L’ouverture récente de la Pass psychiatrique au CHU de Nantes a permis de désengorger le Caso mais « cette solution reste insuffisante face aux besoins évalués par la mission en 2010 », souligne le rapport.

Face à l’absence de lieux consacrés aux problématiques de santé mentale pour les migrants, Médecins du Monde plaide pour la création d’un dispositif de soins transculturels. Elle y travaille avec les services de psychiatrie du CHU de Nantes et l’Agence régionale de santé (ARS). « Ça permettrait des consultations individuelles et collectives avec un travail autour de thématiques identifiées, explique Sylvaine Devriendt, coordinatrice régionale. Il pourrait répondre aux sollicitations de structures comme Aida (la plateforme d’accueil des demandeurs d’asile à Nantes, NDLR) ou les Cada. Dans le cadre de ce dispositif, on pourrait envisager de transférer nos activités de psychiatrie. »

Médiation sanitaire

Dernier enseignement de ce rapport : la médiation sanitaire pour les Roms, mise en place depuis 2011 à Rezé et Saint-Herblain, a permis d’améliorer sensiblement la situation de ces migrants. « Après six mois de fonctionnement, globalement, les foyers qui en bénéficient ont doublé leur fréquentation des services de santé, et une nette progression a eu lieu dans le suivi médical des femmes enceintes », souligne le rapport.

Pour une refonte de la CMU et de l’AME

Face à ces difficultés globales d’accès aux soins, Médecins du Monde prône une refonte de la Couverture maladie universelle (CMU) et de l’Aide médicale d’état (AME) réservée aux étrangers en situation irrégulière. « Il faut fusionner les deux, dans la même carte vitale, explique Philippe Jarousse. Et remonter le seuil d’attribution de la CMU complémentaire au niveau de du seuil de pauvreté. »

Médecins du Monde demande également de cesser toute expulsion sans solution, « qu’il s’agisse des Roms ou d’autres populations », souligne Philippe Jarousse qui se dit « solidaire » des personnes sans abris qui occupent le Lieu Unique à Nantes.

David Prochasson

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