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En dix ans, la pauvreté a changé,
le Secours catholique aussi
Publié le 08/11/2012
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Secours catholique

Chaque année, le Secours catholique publie son rapport annuel sur l'évolution de la pauvreté. Cette fois, l'association a voulu porter un regard sur dix ans d'action auprès des personnes qu'elle accueille. Selon ce bilan, la part des familles et des plus de 50 ans s’est accrue et les budgets ont été grevés par une facture énergétique en hausse. En dix ans, les délégations ont toutefois cherché à s’adapter à cette nouvelle donne.



À partir de ses statistiques 2011 et de ses rapports des années précédentes, le Secours catholique a porté un regard sur l'évolution de la situation de ses bénéficiaires depuis dix ans (Photo LCS).

Les chiffres de l’Insee l’attestent, les rapports des ONG se suivent et se ressemblent : on le sait, la pauvreté a augmenté ces dernières années en France, particulièrement à partir de la crise de 2008. Quelle forme a-t-elle prise chez les bénéficiaires du Secours catholique ? Cette année, l’association a regardé dix ans en arrière pour mieux comparer l’évolution de la situation de ceux qui fréquentent leurs lieux d’accueil.

Plus de familles

Premier constat : les populations changent de visage. La part des familles parmi les personnes accueillies au Secours catholique augmente dans les différentes délégations. En Loire-Atlantique, par exemple, cette part est passée de 42 à 52% en dix ans. Les familles monoparentales sont elles aussi plus nombreuses. Ce qui contribue à faire particulièrement évoluer la pauvreté féminine : « Dans une conjoncture économique dégradée, ces femmes éloignées du marché du travail pour élever leurs enfants ont d’autant plus de mal à retrouver un emploi lorsque ceux-ci quittent le foyer », explique le rapport. 

Les plus fragiles ont tendance à s’installer durablement dans la pauvreté. Ainsi, en 2011, pour 68% des ménages rencontrées (contre 61% en 2001), la situation de pauvreté n’apparaît pas comme la conséquence immédiate d’une difficulté particulière, note le Secours catholique pour qui, il s’agit donc d’une « situation installée ». Et ce constat vaut également pour les familles étrangères : en dix ans, la part des ménages de migrants qui se présentent au moins deux ans de suite dans les lieux d’accueil de l’association est passée de 20 à 35%.

Plus de retraités

Phénomène nouveau, les plus de 50 ans prennent une part de plus en plus importante parmi les bénéficiaires. En Pays de la Loire, ils sont 23% à avoir franchi le seuil du Secours catholique en 2011 alors qu’ils n’étaient que 14% en 2001. « De plus en plus de retraités sont en difficulté en raison par exemple de l’augmentation des frais de santé », commente François Soulard, directeur du Secours catholique en Loire-Atlantique. 

Dans ce département, comme dans la plupart des territoires urbanisés, la part des étrangers accueillis par l’association a fortement augmenté. Ainsi, alors qu’en Pays de la Loire, le nombre de personnes sans ressources est resté stable à 18%, ce chiffre est de 34% en Loire-Atlantique.

Facture énergétique

Pourtant, malgré ces chiffres, le revenu des personnes accueillies par le Secours catholique a eu plutôt tendance à augmenter. En Pays de la Loire, il est passé de 414€ par personne à 518€. Certes, ce revenu reste bien en dessous du seuil de pauvreté. Mais comment expliquer cette hausse ? Cela signifie-t-il que la pauvreté a diminué ? Pas du tout, explique François Soulard, qui avance une raison : « La part de la facture énergétique a largement augmenté dans le budget des familles. »


François Soulard, directeur de la délégation de Loire-Atlantique.

Le budget disponible pour les dépenses d’alimentation, de soins et d’habillement est baissé de 50 à 28,3%. Dans sa délégation de Loire-Atlantique, une personne sur deux a eu un problème d’impayé.

Adaptations de l’action

En dix ans, le réseau du Secours catholique s’est adapté à la réalité des pauvretés qu’il rencontre. Et ce nouveau rapport vient bien souvent confirmer les orientations prises. Face aux impayés, un partenariat a ainsi été développé en Loire-Atlantique avec le pôle solidarité d’EDF il y a trois ans. « On a des possibilités de négocier avec l’opérateur en cas de retard de paiement », souligne François Soulard.

Même chose pour aider les familles en difficulté : le Secours catholique a développé des parrainages de proximité avec le Conseil général et l’Union des associations familiales (Udaf). L’objectif est de permettre aux familles demandeuses de bénéficier d’un soutien à la parentalité, et de construire du lien avec d’autres familles. Après 7 ou 8 ans d’expérimentation, le programme se développe vraiment depuis deux ans.

Face à l’augmentation du nombre de retraités, des groupes de convivialité se sont créés pour lutter contre la solitude. Il faut dire qu’en dix ans, la délégation de Loire-Atlantique a particulièrement développé son réseau de bénévoles. D’une trentaine d’équipe de secteurs en 2001, il est passé aujourd’hui à 37. Ce qui permet à la délégation d’atténuer les difficultés des 12000 personnes qu’elle a accueillies en 2011. C’est deux fois plus qu’il y a dix ans.

David Prochasson

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