Isabelle Lemaire intervient en soirée au domicile de Jeannette Dunet, 81 ans. (Photo : D. Charles)
L’Association « Les visiteurs du soir » doit son origine à la coordination gérontologique du Pays Yonnais. Depuis plus de 25 ans, les acteurs sanitaires et sociaux travaillent ensemble. Avec le soutien du CCAS de de La ville de La Roche Sur Yon , des services spécifiques sont créées : 3 associations services d’aide à domicile (ADAP, ADMR, ADT85), 1 service de soins et d’hébergement temporaire le SADAPA,…. Un objectif commun : satisfaire les besoins des personnes âgées. Depuis 2003 sous la coordination du Centre Local d’Information et de Coordination Gérontologique, des enquêtes sont menées afin de vérifier les pratiques et d’identifier les nouveaux besoins.
Le constat est clair : de 20 heures à 6 heures du matin, aucun service de proximité ! Et puis, malgré la qualité des prestations de jour, de 18 à 20 heures c’est un peu la bousculade, des usagers sont obligés de prendre leur repas du soir dès 17 heures et d’autres sont couchés dès 19 heures !
Cinq structures décident donc de créer l’association « Les visiteurs du soir », déléguant chacune 3 de leurs administrateurs au conseil d’administration de la nouvelle association. Il s’agit donc d’assurer des services spécifiques à des horaires plus souples : un coucher à l’heure désirée, fermer les volets, aider à boire un p’tit quelque chose, vérifier que la personne ne s’est pas endormie devant la télévision, mais aussi de rassurer les bénéficiaires et les familles par une veille téléphonique de nuit.
2008, un coût identifié, une recherche de partenariats s’impose.
Le service démarre en mai 2009 après avoir reçu les soutiens de la Communauté de Communes, du Conseil Général, du Conseil Régional de la CRAM, de la MSA et de la Fondation De France.
L’intervention a un coût pour l’usager, une prestation, c’est à dire un passage d’une demi-heure maximum est facturée12,80 euros du lundi au samedi et 16,00 euros les dimanches et jour fériés. L’intervention peut-être ponctuelle ou régulière. Mais le bénéficiaire doit s’engager par un abonnement mensuel de 27 euros. C’est pour lui l’assurance que le service peut intervenir à sa demande lorsqu’il en a besoin. Cet abonnement comprend l’évaluation de ses besoins pour lesquels il sollicite le service. La partie de la dépense non couverte par un organisme social peut ouvrir droit à une réduction d’impôts à hauteur de 50%. Pour assurer le lancement du service l’intervention des partenaires compensent actuellement 40% de la dépense de fonctionnement et a permis d’investir dans deux véhicules.
21h30 quartier sud de la ville de La Roche-sur-Yon
Sur le terrain, pas de doute le besoin était là, et Les Visiteurs du Soir semble bel et bien apporter une réponse. Pour preuve cette rencontre aux côtés de Isabelle Lemaire, auxiliaire de vie à mi temps : Prise d’embauche à 20heures, il est 21h30, elle boucle sa tournée en se rendant chez Jeannette DUNET 81ans. Jeannette est de longue date une mauvaise dormeuse et avec le service de jour le coucher était à 19heures ! Jeannette DUNET : «Elles sont toutes gentilles, c’est pour moi un confort de vie retrouvé et puis bien sûr (en prenant la main d’Isabelle) le bonheur d’une présence humaine, avec Isabelle on discute, elle m’aide à me coucher et cela me détend avant de commencer ma nuit».
Cette prestation 7 jour sur 7 lui coûte près de 400€ par mois, le service de jour est déjà financièrement entièrement pris en charge. «Ce service est trop précieux pour moi, c’est une demi-heure de bonheur et puis je suis chez moi»
A 22heures, Isabelle Lemaire rejoint le bureau de l’association qui se situe dans les locaux du SADAPA, service de soins et d’hébergement temporaire. Elle y retrouve le personnel de nuit du service, elle n’est donc pas seule et c’est précieux ! Jusqu’à minuit elle va assurer la veille téléphonique. Dans le même temps une autre auxiliaire de vie achève l’autre tournée pour ensuite prendre la relève afin d’assurer la continuité de la veille jusqu’à 6 heures du matin.
Autonomie financière dans 3 ans.
Tout se fait progressivement au sein de cette nouvelle structure. Pour l’instant ont été recrutés une directrice à mi-temps pour structurer le service, deux auxiliaires de vie à plein temps et une autre à temps partiel assurent les prestations auprès de 12 usagers, un objectif raisonné afin de tester le fonctionnement adopté (roulement des personnels, récupération). Dans ses premières décisions, l’association a opté pour l’adoption de la convention 51, plus onéreuse mais jugée la plus adaptée afin de répondre à la qualité nécessaire du travail de nuit demandé.
A ce jour, il s’agit de trouver de nouveaux « clients », d’augmenter ainsi le nombre d’interventions tout en optimisant la planification et les temps de travail. L’objectif est ambitieux, l’association veut atteindre son autonomie financière dans les trois années à venir. Des fonds européens (la mesure 4.2.3 du FSE), récemment acquis, ont permis de recruter un chargé de développement sur six mois qui doit assurer la communication du projet sur l’ensemble du territoire (90000 habitants sur l’agglomération des 15 communes) mais aussi mettre en place le site Internet de l’association. Les personnes âgées ne seront plus les seuls usagers recherchés, la décision est prise d’ouvrir la prestation à d’autres personnes : handicapés, personnes malades ou en sortie d’hôpital.
Dominique CHARLES