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Jeunes déficients intellectuels : l'insertion au bout du chemin
Publié le 26/04/2010
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reportage

L’Institut médico-éducatif Val-Lorie à Saint-Herblain (Loire-Atlantique) accueille des jeunes déficients intellectuels de 14 à 20 ans pour travailler à leur insertion sociale et professionnelle. Bientôt, ils pourront sortir avec une certification en poche. 



Devant l'IME Val-Lorie, un jeune apprend à aménager un espace vert. (Photo : F. Scolaro)

C’est un îlot de couleurs et de verdure au cœur d’une zone industrielle. L’institut médico-éducatif (IME) Val-Lorie, inauguré en 2006 à Saint-Herblain, accueille 47 jeunes de 14 à 20 ans et plus, souffrant de déficience intellectuelle légère ou moyenne, avec ou sans troubles associés (1). Céline, 18 ans, y est entrée voilà deux ans. «Avant, je restais chez moi à cause d’une phobie scolaire», explique-t-elle. Aiguillée vers l’IME par un psychologue, la jeune fille se rend tous les jours de la semaine à l’institut. «Et ça, c’est déjà quelque chose», sourit-elle. A ses côtés, Julien, majeur lui aussi, a déjà passé quatre ans au sein de l’IME. Aujourd’hui, il a trouvé sa voie. «Je veux travailler dans les espaces verts», dit-il d’un ton assuré. 

Géré par l’Association pour adultes et jeunes handicapés (APAJH) de Loire-Atlantique, cet IME comprend trois sections d’initiation et de première formation professionnelle (SIPFP). Entre 14 et 16 ans, les jeunes suivent des cours à l’intérieur de l’institut, assurés par trois éducateurs scolaires. «On se concentre sur les enseignements fondamentaux : français, mathématiques, expression orale et écrite, éducation sociale et culturelle, découverte du monde», explique l’un d’eux, Khalid Adil. Les jeunes suivent aussi un atelier cuisine, préparent le brevet informatique et internet (B2I) du niveau primaire, l’attestation scolaire de sécurité routière (ASSR) et, pour certains, le certificat de formation générale (CFG).

Découvrir le monde professionnel

Vers 16 ans, les jeunes s’initient au monde professionnel au sein de l’IME, via des travaux pratiques encadrés par des éducateurs techniques spécialisés dans plusieurs pôles : blanchisserie, espaces verts, nettoyage, peinture et revêtement de sol. Tous les quinze jours, des «classes-ateliers» réunissent éducateurs techniques et enseignants. «Cela permet de faire le lien entre théorie et pratique, indique Stéphane Gerfaud, moniteur de l’atelier espaces verts. Les jeunes ne voient pas toujours l’intérêt des mathématiques pour mesurer une parcelle. Ou de la maîtrise du français pour lire les étiquettes des plantation ».

A partir de 18 ans, les jeunes sortent des murs de l’IME pour effectuer des chantiers encadrés par leurs éducateurs techniques ou des stages en entreprise, en milieu protégé ou ordinaire. Ils commencent à affiner leur projet professionnel et à envisager leur sortie vers un emploi ou une formation. «On les aide à avoir un projet réaliste mais on les pousse au maximum de leurs possibilités», indique Véronique Vignaud, chargée d’insertion à l’IME, qui a tissé de nombreux partenariats avec des entreprises ou institutions locales, notamment le Medef. «Ici, on croise la culture du médico-social avec celles de l’entreprise et de la formation», commente le directeur de l’IME Frédéric Gobin.

Partir avec un diplôme ?

«L’expérience acquise ici par le jeune  lui permet d’être employable, poursuit-il. Il est capable d’aller chez un patron en ayant acquis des gestes et des postures professionnelles élaborées. Il sait être à l’heure, dire bonjour, etc.». L’objectif de l’IME est d’aboutir à une reconnaissance de ce parcours par un titre homologué d’ici le mois de septembre. Ce serait une première pour le handicap mental dans le département. Les jeunes pourraient voir leur parcours certifié soit au sein des pôles de l’IME, soit dans un centre d’examen extérieur. « Cela permettrait une reconnaissance officielle des compétences des jeunes », souligne Stéphane Gerfaud. L’Institut pourrait même se muer en centre d’examen pour d’autres jeunes. «C’est une manière de s’ouvrir encore plus à l’extérieur», note le directeur. ****Ce travail au long cours sur l’insertion professionnelle ne peut se faire sans un accompagnement global du jeune, rappelle Anne Lise Benoist Thibault, chef de service à l’IME. Aux côté des pôles techniques, pédagogiques et d’insertion, un pôle de soins et un pôle socio-éducatif réunissent ainsi une équipe pluridisciplinaire (médecin, psychologue, orthophoniste, psychomotricienne, assistante sociale, conseillère en économie sociale et familiale, éducateurs spécialisés, etc.). Un travail sur l’hygiène, l’équilibre alimentaire, l’autonomie dans les transports, les loisirs, le budget, l’accès aux droits et l’ouverture sur la société est ainsi mené au quotidien au sein de l’IME. En 2009, la moitié des usagers ont quitté l’IME pour un établissement et service d’aide par le travail (ESAT), 17% pour une entreprise adaptée, 8% pour un lycée professionnel et 9% pour une formation préparatoire à l’apprentissage, tandis que 17% étaient réorientés vers d’autres structures et 8% retournaient en famille. En proposant bientôt une formation qualifiante aux jeunes accueillis, l’institut espère augmenter le nombre de sorties vers l’entreprise.

Florence Scolaro

(1) La prise en charge des jeunes est financée par la Sécurité Sociale. Le budget de fonctionnement de l’IME s’élève à 1,2 million d’euros. Contact : IME Val-Lorie, 02 40 30 06 99, mail : ime.val-lorie@apajh44.org

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