Le permis de conduire coûte cher. De plus en plus cher. Alors que la formation est, légalement, de 20 heures minimum, la moyenne se situe davantage à 40 heures, pénalisant de facto ceux qui ont moins de moyens. « Cela crée une sélection par l’argent inacceptable », considère Frédéric Béatse, maire d’Angers. Or, sans permis de conduire, pas de travail. « Pour les jeunes de milieu modeste, cela peut vite devenir un frein considérable à l’insertion professionnelle et sociale. »

Saumur l’avait initiée dans la région en 2010. Angers reprend l’idée. Pour aider les 18-25 ans qui rencontrent des difficultés dans l’apprentissage de la conduite, la Ville a élargi l’encadrement de la "conduite supervisée". Depuis 2010, à la manière de la conduite accompagnée pour les 16-18 ans, ce dispositif permet aux personnes majeures de se faire aider dans l’apprentissage par la famille ou les amis.

Bénévoles

Seule limite à ce dispositif légal : beaucoup de jeunes, faute de disposer d’un véhicule ou d’avoir, dans son entourage, un conducteur expérimenté prêt à s’impliquer, ne peuvent pas bénéficier de la "conduite supervisée". C’est pour pallier ce manque que le CCAS d’Angers leur propose d’être accompagnés par des tuteurs bénévoles. Deux véhicules sont mis à disposition par la Ville et sont entretenus par le garage d'insertion Solidarauto 49. Les bénévoles, souvent retraités, sont orientés par Agir Abcd et formés par l’auto-école associative Afodil* qui coordonne le programme.

Pour le jeune, la "conduite supervisée" permet ainsi d’optimiser ses chances à l’examen. Et en cas d’échec, d’améliorer sa conduite à moindre coût avant de le repasser : « L’idée, c’est de les préparer au mieux à un examen exigeant, explique Thomas Chevillard, directeur de l’auto-école associative Afodil. Les personnes qui font la conduite accompagnée ou supervisée ont un meilleur niveau que celles qui ont juste 40 heures de conduite. Elles acquièrent une confiance plus importante. »

Éligibilité

Pour être éligible au tutorat solidaire, les jeunes, âgés de 18 à 25 ans, doivent être dans une démarche d’insertion professionnelle et avoir obtenu la bourse d’accompagnement au permis auprès du CCAS. Ils doivent également respecter les conditions légales pour intégrer la conduite supervisée : avoir obtenu leur code et fait 20 heures minimum de conduite. « L’auto-école doit garantir qu’ils ont un niveau autonome et responsable », souligne Thomas Chevillard.

Pour le moment, quatre bénévoles ont répondu à l’appel : « On se dit qu’il faudra plus et on ouvre à tous types de bénévoles, lance Thomas Chevillard. C’est le début du programme. Mais on est sûr qu’il va porter des résultats positifs. »

David Prochasson

*Association pour la formation et le développement de l’initiative locale.