S’indigner encore, et entendre l’indignation de ceux et celles qui n’ont plus grand chose qui leur appartient à part cette possibilité de dire : c’est assez ! Et ils sont nombreux dans ce cas : personnes seules ou famille en panne de tout, d’emploi, de logement, de ressources, de papiers, de soins, d’avenir… Elles s’indignent souvent en silence, résignées.
S’indigner contre les discours politiques qui, mine de rien, remettent en cause un des fondements de notre société, justement hérité des travaux du CNR, le Conseil National de la Résistance : que l’État a une responsabilité, celle de sauvegarder les grandes conquêtes qu’ont été l’éducation pour tous, l’énergie pour tous, la santé pour tous, la retraite pour tous…
S’indigner pour rester vivant, en alerte, vigileant, et non soumis. S’indigner parce que chaque jour il y a mille raisons de le faire et parce que s’indigner c’est déjà agir.
Page 16 de son essai publié en 2010 « Indignez-vous » Stéphane Hessel écrivait :
« Aux jeunes, je dis : regardez autour de vous, vous y trouverez les thèmes qui justifient votre indignation – le traitement fait aux immigrés, aux sans papiers, aux Roms. Vous trouverez des situations concrètes qui vous amènent à donner cours à une action citoyenne forte. Cherchez et vous trouverez ! »
Évidemment cette injonction tendre à réagir reste valable : si Stéphane Hessel a su convaincre, il n’a pas pu changer les choses. Les motifs de ses indignations demeurent.
Alors au lendemain de sa mort, il est bon de rappeler, que si ce vieux bonhomme admirable, témoin du pire et acteur du meilleur, s’indignait si fort, c’était avec optimisme, sans défaitisme, mais au contraire empli d’un espoir : que les jeunes générations qui construiront ce siècle tout neuf, seront créatives.
Aux adultes d’aujourd’hui de les encourager à l’être !
S’indigner encore !
Cécile Petident