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La revue Contrepoint incite à revenir au vécu dans le travail social
Publié le 26/04/2013
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entretien
travail social
Réflexion
revue
ABREASS
action sociale
théorie
pratique
vécu

En Bretagne, le n°3 de la revue Contrepoint vient de sortir. Éditée par l’association ABREASS*, ce recueil de réflexions dresse un pont entre théorie et pratique du travail social. Son directeur de publication Joël Letemplier, travailleur social devenu aussi sociologue et formateur, nous explique la nécessité d’analyser la complexité du terrain social pour y agir sans se laisser conditionner par la tendance gestionnaire. 



Le Canard social : Le titre de ce numéro trois est « Manière de voir, matière à dire ». Quelle est la réflexion qui se cache derrière ?

Joël Letemplier : Quant on tente d’analyser le monde social, et en particulier l’intervention sociale, on est toujours confronté à des « manières de le voir ». Il y a 36 manières de l’interpréter et de l’approcher, ça dépend des lunettes qu’on chausse pour le regarder. Fondamentalement, c’est ça l’idée : réfléchir aux différents modèles à travers lesquels on voit le monde social et qui influencent les choses qu’on a à dire sur lui.

LCS : Concrètement, que donne cette revue à lire ?

Joël Letemplier : Elle propose une approche transdisciplinaire et multithématique pour aborder l’ensemble des problématiques qui touchent à l’action sociale et au travail social aujourd’hui : l’errance, le sens de l’intervention sociale, la parentalité, les questions soulevées par la prévention précoce, etc.

LCS : Et quel est le fil rouge ?

Joël Letemplier : Les auteurs s’interrogent sur comment exercer son métier de travailleur social dans un environnement parasité par une approche technicienne, procédurière et administrative qui éloigne de l’humain. Là on est en plein dans une manière de voir.

Il nous semble que cette ambiance gestionnaire, dans les politiques sociale et les métiers, fait que l’homme est approché sous forme de dossier, réduit à l’état de chose. On est allé trop loin dans cette tendance à oublier la vie et les émotions derrière. Il faut revenir à l’effectivement vécu, à l’ordinaire… qui peut être de la souffrance. C’est ça qu’il faut comprendre et prendre à bras le corps !

D’où l’importance du sous-titre : des vies, des moments et leurs hommes.


La revue Contrepoint est rédigée conjointement par des universitaires et des professionnels de l'action sociale. Son directeur de publication Joël Letemplier est lui même à la fois travailleur social et sociologue.

LCS : Et qui sont les auteurs ?

Joël Letemplier : Notre parti pris dans cette revue, c’est de faire se rencontrer des points de vue qui émanent à la fois du champ universitaire et du champ professionnel. Il est important de jeter des ponts entre ces univers, qui peuvent arriver à penser ensemble. Il n’y a pas d’un coté un champ réputé savant et plus apte à dire le monde social, et de l’autre un champ qui prétend que la seule connaissance valide vient de l’expérience.

C’est toute la question du rapport entre théorie et pratique, entre une manière de voir intellectuelle et une autre ancrée au terrain. Ce sont des capacités effectivement différentes mais qui gagnent à se rencontrer. Cela permet une approche plus respectueuse de la réalité des phénomènes et des terrains.

LCS : Mais en voulant éviter le « prêt à penser », votre revue ne risque-t-elle pas d’être difficile d’accès ?

Joël Letemplier : Il y a une pluralité d’approches et de problématiques, dont certaines sont sûrement plus difficiles à lire. Pourtant, on ne se veut pas une revue intellectuelle mais bien arrimée à la pratique effective des métiers. Mais le monde social ne se donne pas facilement à voir, on est bien obligé de considérer la complexité d’un phénomène, d’un contexte, d’une situation, de la manière de les aborder… Les lecteurs sont invités à appréhender cette complexité

LCS : Ils sont finalement invités à prendre du recul…

Joël Letemplier : Oui, à prendre de la distance et à voir les choses sous un aspect multidimensionnel.  Souvent les professionnels de terrain ne prennent pas le temps… et cette ambiance très procédurière a pour effet délétère de n’accorder de l’importance qu’aux faits et aux choses et non aux processus par lesquels ils émergent.

Encore une fois la finalité est bien pratique, l’esprit de la revue est d’aider les travailleurs sociaux dans leur travail.

LCS : Cette  démarche singulière est une forme d’engagement ?

Joël Letemplier : C'est avant tout une volonté de favoriser l’intelligibilité et la compréhension des terrains de l’action sociale. Si c’est un engagement, il n’est pas politique mais bien éthique : pour rappeler que les politiques sociales et les métiers doivent, selon nous, donner toute l’importance à l’Homme.

Propos recueillis par Armandine Penna

*ABREASS : association en Bretagne pour la réflexion, l’étude et l’analyse des champs de la santé et du social

Revue Contrepoint vendue 15 euros
A commander sur le site www.abreass.fr ou en écrivant sur abreass@gmail.com

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