Dans un Foyer de jeunes travailleurs à Nantes (Photos D. Prochasson).
Le Canard Social : À qui s’adressent les portes ouvertes de l’habitat des jeunes ?
Pierre Durand : Notre besoin n’est pas de remplir les résidences, elles le sont à 80-90%, voire pour certaines, il y a des listes d’attente. On souhaite avant tout faire connaître le réseau et la qualité de l’offre. Ces portes ouvertes s’adressent tant aux élus qu’aux travailleurs sociaux ou aux jeunes eux-mêmes qui pourront découvrir les types d’habitats que l’on propose, qu’il s’agisse de résidences avec des chambres individuelles ou pour les couples ou encore de logements autonomes. Et elles s’adressent aussi aux entreprises.
LCS : En quoi est-ce important de vous rapprocher des entreprises ?
Pierre Durand : On a déjà des rapports avec les entreprises mais on doit s’en rapprocher davantage. Les entreprises ont un rôle à jouer dans l'habitat des jeunes. Elles sont un relais d’opinion de premier plan auprès des jeunes employés pour leur faire connaître les possibilités de logement. Et c’est un point essentiel pour favoriser l’emploi : les difficultés de logement précarisent la situation des jeunes, elles freinent leur mobilité. On le voit bien dans les enquêtes d’opinion, la question du logement chez les jeunes arrive aujourd’hui au même niveau de préoccupation que le travail. Le manque de logements, allié à la multiplication des contrats de courte durée voire précaires, rend plus difficile l’accès au logement.
Pierre Durand, président de l'Urhaj des Pays de la Loire.
LCS : La pression sur le logement s’accroit-elle pour les jeunes ?
Pierre Durand : Nos résidences sont de plus en plus pleines. C’est le cas même au Mans dans une ville où pendant longtemps, l’offre de logement a été supérieure à la demande. Il est vrai que les foyers ont été rénovés au standard studio. Mais surtout, la pression sur le logement commence à se faire sentir. Et les jeunes sont particulièrement touchés.
LCS : François Hollande voulait faire de son quinquennat, celui de la jeunesse. Quel bilan faites-vous aujourd’hui ?
Pierre Durand : Il y a une volonté affichée, c’est certain. Reste à voir les mesures prises… Les emplois d’avenir sont une mesure intéressante : ils sont réservés à certaines catégories de jeunes, contrairement aux précédents emplois jeunes qui avaient aspiré ceux qui étaient dans les cursus de formation les plus élevés. Mais, tout ça a du mal à se mettre en place notamment parce que les associations recrutent à des niveaux de formation assez élevés.
LCS : La société française est-elle prête à faire de vrais choix pour sa jeunesse ?
Pierre Durand : En France, il y a eu un choix. Sur la question de l’emploi, implicitement, on a pensé qu’il valait mieux faire porter la difficulté sur les jeunes que sur d’autres classes d’âge. Certes, les seniors rencontrent aussi des difficultés d’emploi mais on a cherché des mesures lourdes pour les atténuer. En France, les jeunes sont les premières victimes, c’est un fait culturel. Et il n’y a pas que les pouvoirs publics qui sont responsables. Les entreprises aussi doivent assumer leurs responsabilités civiques vis-à-vis des jeunes.
Propos recueillis par David Prochasson