Gilles Retière, président de Nantes Métropole (au centre), a présenté les axes de la coopération entre les collectivités roumaines et françaises, en présence de représentants des deux États (photos D. Prochasson).
Tout le monde s’accorde sur un point : le dispositif d’aide au retour initié depuis 2010 par la métropole nantaise n’a pas fonctionné. « On a cherché des solutions individuelles, famille par famille, explique Gilles Retière, président de Nantes Métropole. On constate que l’attribution de moyens à certains a posé des problèmes en France comme en Roumanie et engendré des jalousies. »
D’une aide individuelle, la communauté urbaine veut désormais agir sur l’ensemble de la population roumaine, Roms ou non. C’est le sens des accords de coopération décentralisée qu’elle a signés jeudi 30 mai avec quatre communes du sud-ouest de la Roumanie dont la majorité des Roms de l'agglomération sont originaires (Vartop, Salcuta, Punghina et Gârla Mare). Des communes aux forts besoins de développement et qui connaissent une importante population rom. « Il n’est pas question de soutenir un projet pour une seule communauté », souligne Yves Aubry, président de l’association Une famille un toit qui pilote les projets.
École, assainissement…
Concrètement, quatre projets devraient voir le jour : la rénovation d’une école, la création d’une résidence pour personnes âgées, de bains douche pour un club de foot dépourvu d’équipement et la mise en place de réseaux d’assainissement et de propreté publique.
Dans le cadre de cette coopération, Nantes Métropole investit 120 000 euros pour l’année 2013. Des moyens qui paraissent dérisoires face aux objectifs affichés mais qui doivent servir de levier. « Tout euro que Nantes Métropole met sur la table doit dégager au moins deux euros d'investissement soit par des fonds européens, soit par des initiatives privées sur place », considère Yves Aubry d'Une famille, un toit. L'État français doit également abonder le budget. Un accord-cadre, qui sera signé le 9 juin prochain à Bucarest entre la France et la Roumanie, l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii) et Nantes Métropole, précisera le soutien financier de chacune des parties.
Contenir les migrations
Ces nouveaux axes de travail en Roumanie n’ont pas pour objectif concret de s’attaquer au problème des campements illicites en France. Mais plutôt de créer les conditions d’un développement et ainsi de contenir les migrations. « Si l’on veut s’attaquer aux racines du mal, il faut travailler là-bas, en Roumanie », défend Gilles Retière. La tâche paraît colossale. Et le président de Nantes Métropole ne s’en cache pas : « C’est un travail lancé pour des années. »
Malgré les critiques à leur encontre, les aides individuelles ne disparaîtront pas. Mais elles se feront désormais dans le cadre des accords de coopération décentralisée. « Avant, les projets d’aide au retour était étudiés en France. Maintenant, ils seront étudiés en Roumanie en s’assurant que les élus locaux prennent part aux projets », explique Marie-Hélène Nédélec, conseillère de Nantes Métropole, déléguée à la coopération.
L’Ofii aura la charge de mettre les moyens nécessaires pour informer les familles en France qui voudraient retourner au pays. Depuis 2012, 50 personnes ont fait une demande d’aide au retour dans l’agglomération nantaise, 30 ont été traitées avec des réponses adaptées, seulement 6 ont abouti.
David Prochasson