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L'UREI souhaite une revalorisation de l'aide au poste, mais pas seulement.
Publié le 26/04/2010
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Aide au poste trop basse, nombre de postes insuffisant, objectifs de plus en plus importants… André Talaszka le président de l’UREI (Union Régionale des Entreprises d’Insertion) fait le point sur tout ce qui coince.



André Talaszka, président de l'UREI : "Que l'aide au poste soit indexée au SMIC" (PHOTO : C. Petident)

Le Canard Social : Les Entreprises d’Insertion sont-elles bien identifiées comme outil d’insertion ?

André Talaszka : «nous cherchons à communiquer autour du concept d’entreprise comme outil d’insertion alors que les structures classiques de l’insertion communiquent beaucoup plus sur le public accueilli. C’est pour ça que notre affichage peut parfois choquer ou étonner. De manière générale, à moins d’avoir à faire à quelqu’un de très au fait des choses il y a quand même chez nos interlocuteurs politiques une grande confusion en ce qui concerne l’insertion. L’insertion est un terme qui est utilisé à tort et à travers à tel point qu’on se demande parfois s’il ne faudrait pas changer de dénomination. Pour faire court c'est un magma informe.

LCS : mais que disent les chiffres sur votre action d’insertion ?

AT : «Sur les sorties, on est aujourd’hui à 50% de retour à l’emploi direct. 10 à 15% des sorties se font sur des formations qualifiantes ou sur un dispositif de formation. Il faut savoir que cette question des sorties devient cruciale aujourd’hui, puisque dans les nouveaux conventionnements, les pouvoirs publics nous fixent des objectifs très précis avec une grille qui définit ce que l’on entend par sortie positive. La sortie positive se décline en «emploi durable» (contrat de plus de 6 mois), en emploi de transition, (CDD de moins de 6 mois) et en formations qualifiantes. On doit s’engager pour chaque type de sortie en fixant des pourcentages.»

LCS : Est-ce que ça change la philosophe de votre métier d’insertion ?

AT : «A partir du moment où l’on considère que l’insertion est une activité au même titre que notre activité économique, ce n’est pas gênant intellectuellement d’avoir des objectifs. Encore faut-il que l’on soit bien d’accord  sur la manière dont on nous paye la prestation, et c’est là que le bât blesse puisque l’aide au poste n’a pas bougée depuis une dizaine d’année. Donc ca veut dire que depuis dix ans c’est sur nos marges que l’on gère cette prestation.»

LCS : Quel est le montant de l’aide au poste aujourd’hui ?

AT : «Elle est de 9181 euros pour un équivalent temps plein. Il faut savoir que l’on rend compte mensuellement des heures réellement travaillées et payées. On est donc  payé en fonction de ça.  Cela veut dire que si on a moins réalisé au bout de l’année notre aide est réduite.»

LCS : Quelle revalorisation demandez-vous ?

AT : « Tous les contrats aidés se sont indexés sur le smic, mais pas notre aide au poste, et c’est ça que l’on demande. Si cela avait été fait depuis toutes ces années (10 ans)  on serait sur une aide de  l’ordre de 12500 euros. Le risque c'est que au bout d’un moment si ça ne bouge pas plus que ça et si en plus  on nous demande des objectifs en terme de sortie, on sera fatalement  de plus en plus dans la sélection des personnes qui vont rentrer chez nous. On prendra plutôt des personnes qui seront plus productives, et pour lesquelles on aura plus de chance de réussir la réinsertion. »

LCS : Mais est-ce que ce n’est pas déjà le cas aujourd’hui dans les EI ?

AT : «Aujourd’hui les EI ont des recrutements différenciés. Si vous prenez une structure de type ENVIE qui fait des réparations en électroménager, il faut un minimum de pré-requis à l’entrée : il faut avoir des acquis scolaires en mathématique, être capable de comprendre un schéma électrique. Mais D’autres entreprises, comme  SP2V par exemple (L’entreprise que dirige André Talaszka ndlr), sont très très proches d’un chantier d’insertion. Nous on accueille souvent des personnes illettrées  ou qui ont de grosses difficultés, car pour travailler dans la vigne il n’y a pas besoin au départ de qualifications. Non, ce n’est pas tant sur la qualification qu’on risque de sélectionner différemment mais sur le comportement. On cherchera des personnes qui ne présentent pas de difficultés majeures. Aujourd’hui des personnes que l’on recrute et qui nous quittent au bout de 3 jours il y en a mais on pourra de moins en moins se le permettre.

LCS : mais dans le fond, qu’est-ce qui pourrait justifier l’augmentation de l ‘aide au poste?

AT : «La prestation d ‘insertion a un coût direct, en terme de poste de travail spécifique à nos métiers, je pense au chargé d’insertion par exemple. On a des coûts de sur-encadrement aussi, de formation, puisqu’on passe notre temps à former des personnes qui nous quittent, c’est pour ça qu’on les forme d’ailleurs, pour qu’elles puissent rentrer dans la vie active de manière efficace. Tous ces coûts  augmentent d’année en année et ne sont pas pris en compte au prorata.

LCS : Vous rencontrez une autre difficulté, c'est le nombre de poste d’insertion attribué aux entreprises d’insertion.

AT : «Au niveau national les aides aux postes correspondent à 15 000 équivalents temps plein. Chaque région gère ensuite son enveloppe département par département. En Pays de la Loire, il y a entre 800 et 850 postes ETP aidés. »

LCS : Ce n’est pas suffisant ?

AT : « La question ne se pose pas comme ça. Ce que l’on veut c’est de la souplesse. On ne peut pas nous gérer comme une structure d’insertion classique. Si je prend un chantier d’insertion, souvent il est crée grâce à une volonté politique et ensuite il est administré en fonction d’un volume d’insertion décidé à l’avance. Une Entreprise d’Insertion ne peut pas être gérée de la même manière, on évolue sur des marchés privés, si on décroche un contrat il faut qu’on puisse augmenter notre nombre de poste. Ce n’est pas le cas aujourd’hui.»

LCS : Mais est-ce que l’on peut continuer à faire de l’insertion correctement tout en cherchant à se développer sur un marché? Les deux sont-il compatibles ? Est-ce que l’insertion ne doit pas rester à un niveau de proximité dans des entreprises à taille humaine ?

AT : «Vous avez raison la taille est importante. La plus grosse des EI dans la région, c’est ADC propreté avec 200 personnes, 65 équivalent temps plein en insertion. C’est une taille importante. Néanmoins toutes ces entreprises se sont développées pas à pas, avec à cœur de maintenir cette activité d’insertion. Il serait aberrant de se développer sur un aspect uniquement commercial. On sait développer l’activité économique et l’insertion en parallèle on sait le faire, on l’a démontré.» 

Propos recueillis par Cécile Petident.

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