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La bientraitance au coeur des réflexions de l'ADMR 85
Publié le 03/05/2010
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L’ADMR (association de service à domicile) de Vendée veut sensibiliser autour du thème de la Bientraitance. Le tout sur fond paradoxal d’un secteur où la demande ne cesse de croître mais où l’activité se développe moins que d’habitude. Nicolas Saillour le directeur de l’ADMR de Vendée fait le point pour le Canard Social. 



Nicolas Saillour, directeur de l'ADMR de Vendée. (Photo : ADMR 85)

Le Canard Social : Quels sont les points sensibles de votre secteur ? 

Nicolas Saillour : Il faut resituer le contexte, nous sommes dans un secteur où les besoins sont en croissance que ce soit pour les personnes handicapées, les personnes âgées ou les familles on est en augmentation : augmentation du niveau de dépendance, du besoin des familles en matière de garde d’enfants, de l’aide à domicile. Par ailleurs on est un secteur fortement soutenu par les collectivités publiques : l’Etat, la Sécu et les départements et c'est grâce à ce soutien, (exonération de charges, fiscales, financement des heures par les collectivités)  que le secteur se développe.

LCS : Parce que vous êtes dans une notion de service rendu au public ?

Nicolas Saillour : On est sur une notion de service rendu à des personnes dépendantes et c’est le devoir, la mission des responsables publics de compenser. Il y a aussi de la part de l’état une volonté de développer l’emploi de proximité, or, notre secteur est très créateur d’emploi. Malgré tout nous sentons une tension sur les budgets. Les caisses de retraite, les départements sont obligés de diminuer leurs contributions. La caisse nationale de l’autonomie  réduit de manière drastique ses budgets, c'est elle qui finance l’APA ensuite versée par les CG. Résultat les personnes vont soit réduire leurs demandes d’aide soit devoir participer financièrement à une plus forte hauteur.

LCS : Ce changement de contexte est déjà là ou bien c’est juste une crainte ?

Nicolas Saillour : Oui, on est dedans, nos financeurs sont d’ailleurs transparents avec nous. Ils doivent être vigilants sur les dépenses. De notre côté nous ressentons déjà une progression de notre activité moins importante que d’habitude : en 2009 notre activité n’a progressé que de +1,8%  alors que sur 2008 on avait augmenté de 2,5% et on ne prévoit pas d’augmentation en 2010. Nous prévoyons même une diminution de nos aides aux personnes âgées.  Notre autre constat important, c'est la concurrence avec l’arrivée d’entreprises privées sur notre secteur et la concurrence de l’emploi direct. Les agréments sont donnés par l’Etat par dizaine aux entreprises privées. l’Etat incite à la concurrence.

LCS : Comment pouvez-vous résister à cette concurrence ?

Nicolas Saillour : En étant meilleur. Ça nous stimule au fond, tout n’est pas mauvais, ça nous oblige à nous améliorer. On a mis en place une démarche qualité très ambitieuse, on a mis en place un soutien psychologique, on travaille sur l’analyse de pratique, on creuse sur la bientraitance.

LCS : Ce concept de bientraitance était au cœur de votre dernière Assemblée générale ?

Nicolas Saillour : On a nommé une de nos psychologues comme chef de projet autour de ce thème. Il faut comprendre que la bientraitance n’est pas le contraire de la maltraitance. C’est en fait une démarche positive globale qui doit contribuer au bien être de la personne. On a fait le choix de ne pas créer de formation spécifique «bientraitance» mais d’introduire ce concept dans tous nos outils.

LCS : Concrètement qu’est ce que cela peut changer ?

Nicolas Saillour : On veut développer l’écoute du besoin de la personne dans sa globalité. Il faut être capable d’adapter son intervention au besoin. On développe chez notre personnel des compétences d’écoute, de prise de recul et d’analyse. On va de plus en plus rechercher cette compétence. On l’intègre dans nos formations. Cela se fait par petite touche, au quotidien.

LCS : Et avant ? Vous n’aviez pas cette notion de bientraiatance en tête ?

Nicolas Saillour : On l’avait, mais sans le savoir et sans doute pas tout le temps. On essaye aussi de faire de plus en plus avec la personne, pas à sa place, en tout cas pas complètement. Autrefois on pouvait penser que de tout faire chez la personne c’était du bon travail. Mais aujourd’hui on veut  promouvoir l’autonomie de la personne, on va donc essayer de la faire participer à certaines tâches.  Ça fait partie de la bientraitance.

LCS : Ça va prendre du temps ?

Nicolas Saillour   : Oui bien sur. On va devoir sensibiliser les présidents de nos associations locales, les responsables locaux. On va beaucoup communiquer. Il y a eu l’assemblée générale et puis on organisera un forum en Juin, on en parle dans tous nos outils. C'est un travail du quotidien, une action de longue haleine.

Propos recueillis par Cécile Petident

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