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Les tensions budgétaires restent fortes pour les CHRS bretons
Publié le 09/05/2012
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En Bretagne, les associations qui gèrent les centres d’accueil et de réinsertion sociale (CHRS) font le point en ce moment sur leurs budgets avec les services de l’État. L’enveloppe régionale étant à la baisse, les structures se demandent comment se serrer de nouveau la ceinture…



En Bretagne, avec des crédits à la baisse pour les CHRS, les acteurs associatifs déplorent un "alignement vers le bas" (capture d'écran d'un site internet préfectoral).

« Les économies qui devaient être faites ont été faites : on ne peut pas aller plus loin. » Pour Jean-Jacques Danton, le président de la FNARS de Bretagne, les nouvelles contraintes budgétaires imposées par l’État placent les acteurs associatifs de l’hébergement dans une situation difficile. « Pour 2012, l’enveloppe régionale est en baisse de 2,77 % après une autre baisse de 2,5 % l’année dernière. Et les deux départements les plus impactés sont l’Ille-et-Vilaine et le Morbihan où certains de nos adhérents ont le couteau sous la gorge. »

« Alignement vers le bas »

Les associations ne sont pas encore définitivement fixées sur leur sort, mais elles se font une idée de leurs dotations 2012 au fur et à mesure de réunions avec les services déconcentrés de l’État. Dans le Morbihan, la Sauvegarde 56 s’attend par exemple à une baisse de 200 000 euros pour son budget CHRS, qui avoisinerait les 2,33 millions d’euros cette année. Son directeur général, Jean Lavoué, déplore « un alignement vers le bas ». Dans cette structure, le coût annuel à la place est jugé trop élevé par l’État. L’année dernière, chacune des 144 places de CHRS présentait un coût annuel de 17 500 euros. Avec la dotation 2012, ce serait 16 200 euros, et l’objectif est d’arriver en 2013 à 15 500 euros, au nom de la convergence tarifaire.

Cette démarche qui vise à harmoniser les coûts dans le secteur de l’hébergement n’est pas rejetée en bloc par les acteurs de terrain, mais ils réclament à la fois du temps et une analyse plus fine des besoins des publics et des pratiques professionnelles. « On fait le maximum pour réduire les coûts, mais ça ne se fait pas du jour au lendemain », estime Jean Lavoué. Si on devait quantifier l’effort qui nous est demandé, cela représente 7 postes supprimés en l’espace de 3 ans. »
 
Pour faire des économies, la Sauvegarde 56 a lancé une réorganisation interne pour redéployer du personnel vers d’autres dispositifs. Mais aujourd’hui, l’association considère avoir déjà beaucoup fait pour s’adapter aux contraintes budgétaires. « L’application pure et simple de la RGPP aux « opérateurs » associatifs tend les logiques de travail des professionnels et dénature les réponses construites, notamment sur la qualité de l’accompagnement des personnes accueillies. »

« Chiffres uniformisants »

En coulisse, d’autres responsables associatifs bretons se disent eux aussi malmenés. Certains évoquent « les chiffres uniformisants des nouvelles régulations publiques » qui ne tiennent pas compte des spécificités des publics et des territoires. « L’État veut uniformiser les besoins mais sur le terrain, c’est plus compliqué, glisse Jean-Jacques Danton de la FNARS Bretagne. Quand on accueille des personnes  qui ont des troubles psychiques importants, cela justifie par exemple un accompagnement plus serré. »

Un travail doit justement être lancé dans les prochaines semaines afin d’obtenir un diagnostic partagé entre associations et services de l’État. Dans le jargon, il est question de classer les pratiques des professionnels dans des « groupes homogènes d’activités et de missions » (GHAM). L’objectif : pouvoir analyser et comparer les coûts et les missions des différents CHRS. Sur le principe, la FNARS voit l’apparition de ce nouvel outil d’un bon œil, reste à en observer les indicateurs concrets.

Vers des enveloppes régionales plus équitables ?

Au delà des moyens alloués aux structures elles-mêmes, l’autre attente des professionnels de terrain concerne la définition du montant de l’enveloppe régionale. Les Bretons s’estiment lésés par rapport à leurs homologues d’autres régions. Parmi les critères actuels importants, le nombre de dossiers DALO, censé refléter la réalité des besoins d’hébergement. Sauf qu’en Bretagne, on dénombrait en 2010 environ 650 demandes enregistrées dans le cadre du DALO contre plus de 5250 en Pays de la Loire ! « Nous avons en Bretagne des dispositifs plus efficaces et rapides que la procédure DALO, insiste Jean-Jacques Danton. C’est pourquoi nos chiffres DALO ne correspondent pas à l’activité et aux besoins réels. Et si la subvention régionale n’est pas à la hauteur, c’est dû notamment au faible nombre de recours DALO. Il est urgent de se baser sur d’autres critères pour définir des enveloppes plus justes. »

Les discussions sur les moyens alloués aux CHRS devraient s’accentuer dans les prochaines semaines puisque la « campagne budgétaire » doit normalement s’achever d’ici la fin juin. La question des moyens est liée à un autre sujet, celui de la contractualisation. Les services de l’État semblaient décidés à faire entrer le plus vite possible les associations dans ce nouveau mode de relation et de gouvernance… Mais de leur côté, les associations n’avaient pas l’air pressées de signer avant une éventuelle alternance à la tête de l’État. Reste maintenant à savoir si le changement de locataire à l’Élysée va accélérer ou retarder ce calendrier.

Frédéric Lossent

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