L'accroissement de la pauvreté est plus fort en Sarthe et Mayenne qu'en Loire-Atlantique comme ici à Nantes (photo : F. Lossent).
Les Pays de la Loire font de la résistance. Avec la Bretagne, la région reste dans le peloton de tête des territoires les moins marquées par la pauvreté. En 2009, 11,2% de la population vivait sous le seuil de pauvreté fixé à l’époque à 954€ pour une personne seule, contre 13,5% en France métropolitaine. Les cinq départements ligériens ont ainsi en commun de conjuguer un faible taux de pauvreté et des inégalités moins marquées qu’ailleurs. Pour autant, ses habitants n’ont pas été épargnés par la crise. En premier lieu, les personnes aux revenus les plus modestes.
L’accroissement des inégalités
Selon une étude de l’Insee, réalisé en partenariat avec le Conseil économique social et environnemental régional (Cese), le taux de pauvreté a augmenté de 0,5 point entre 2008 et 2009 dans les Pays de la Loire comme au niveau national. « Le niveau de vie de 40% des ménages les plus modestes a diminué, ce qui n’était pas le cas avant, explique Sébastien Seguin, responsable de l’étude à l’Insee. Dans le même temps, le revenu des 40% les plus favorisés a continué à croître. »
Ces tendances s’expliquent principalement par la dégradation du marché de l’emploi. En 2009, le taux de chômage a augmenté de 2,4% en Pays de la Loire, touchant les plus précaires. « Les CDD et les intérimaires ont connu des périodes d’activités moins longues, commente Sébastien Seguin. Et la baisse du nombre d’heures travaillées (-13,3% en Pays de la Loire) a surtout concerné les salariés en CDD (-25%). »
En première ligne également : les ménages de 30-49 ans avec des enfants et les locataires du parc locatif social. Alors que le revenu médian des propriétaires a progressé de 1,4%, les habitants de HLM ont connu une baisse de 1,3% de leur revenu.
Disparités territoriales
C’est à l’est de la région, en Sarthe et en Mayenne, que cet accroissement de la pauvreté s’est le plus fait ressentir, le niveau de vie des 10% des ménages les plus modestes baissant de 1,6% (contre -0,1% en Loire-Atlantique). Les habitants des territoires éloignés des centres urbains mais aussi des grands pôles urbains, comme la communauté urbaine du Mans, ont le plus souffert de la crise. Seule la métropole nantaise, porté par son dynamisme économique, tire son épingle du jeu avec un niveau de vie un peu supérieur à la moyenne régionale.
Perspectives peu reluisantes
Et demain, quel impact auront les soubresauts de l’économie ces quatre dernières années sur le revenu des ménages ? Si l’Insee n’a pas encore d’études pour l’année 2010 et les suivantes, elle craint toutefois une poursuite de ces tendances. « Plus la crise dure, plus les mécanismes de compensation comme les allocations chômage, sont susceptibles de s’épuiser pour les gens », avance Sébastien Seguin. Le nombre d’allocataires du RSA socle a ainsi augmenté de 5,5% en 2010 en Pays de la Loire (contre 4,7% l’année précédente). La Sarthe et la Mayenne restent les départements les plus fragilisés par les conséquences de la crise (+9%). « Compte tenu du niveau de l’emploi et de l’évolution des salaires, on peut penser que la situation des ménages les plus modestes ne va pas s’améliorer. »
De même, les disparités territoriales sont amenées à se creuser. « On a une région homogène. Mais on peut s’attendre à de nouveaux accroissements des disparités territoriales, estime Sébastien Seguin. Et peut-être va-t-on vers davantage d’inégalités entre le littoral dont la Loire-Atlantique qui connaît un fort dynamisme, et l’est de la région, le Maine-et-Loire étant dans la moyenne nationale. »
David Prochasson