Avant un lancement officiel le 5 septembre 2012, la nouvelle "Carte blanche" de Nantes est présentée aux acteurs associatifs (photo : F. Lossent).
« Carte blanche », c’est quoi ?
Il s’agit d’abord d’une carte individuelle permettant d’obtenir des tarifs réduits, voire « très réduits » pour accéder à des offres culturelles et sportives à Nantes « intra muros ». Concerts, expos, théâtres, cinémas, évènements sportifs : 40 lieux s’engagent à jouer le jeu au lancement du dispositif. La Ville mobilise en ce moment un réseau de partenaires avant un lancement officiel le 5 septembre 2012. En vitesse de croisière, d’autres acteurs devraient venir grossir les rangs des partenaires. Et le dispositif pourrait être élargi à terme à l’ensemble de l’agglomération.
Quels relais ?
Au delà du prix accessible, il est aussi question de médiation : les services sociaux et les associations de solidarité sont sollicités pour informer et accompagner les « publics éloignés » du sport et de la culture. « Il faut agir sur différentes entrées selon que les personnes sont plus ou moins familières avec les pratiques de loisirs », glisse Caroline Urbain, enseignant chercheur à l’université de Nantes qui travaille sur le sujet.
« Il est important d’agir sur le frein financier, le frein logistique, le frein social et enfin sur le frein psychologique : en effet, des personnes en situation de culpabilité n’osent pas s’offrir du temps de loisirs alors qu’elles ne travaillent pas ou doivent gérer l’urgence du quotidien. » D’où la nécessité de rassurer, d’accompagner et de mettre en confiance les personnes peu habituées à fréquenter les lieux de sport et de culture. Comment ? « En proposant de se retrouver dans un lieu peu intimidant, par exemple autour d’un café dans une association ou un restaurant social, avant d’aller vers une proposition de sortie à plusieurs. »
Qui est concerné ?
La Carte blanche est attribuée gratuitement sous conditions de ressources aux ménages qui ont des revenus modestes, proches du Smic. Par exemple, 1184 euros nets mensuels pour une personne seule ou 1776 euros pour un couple avec 2 enfants. 65 000 habitants sont potentiellement concernés, soit 22 % de la population nantaise.
Il ne s’agit donc pas d’une carte spéciale « chômeurs » ou « allocataires du RSA ». « Nous avons préféré retenir les conditions de ressources plutôt que la logique de statut pour ne pas stigmatiser les publics concernés », précise Myriam Menna-Wiedmann, la conseillère municipale en charge du dossier.
Quels sont les enjeux ?
« C’est un levier pour la cohésion et l’intégration sociale des personnes qui glissent vers l’isolement et le renfermement sur elles-mêmes », insiste l’élue Myriam Menna-Wiedmann.
« C’est central pour se réconcilier avec soi, souligne Caroline Urbain de l’université de Nantes. Aller à un match de foot ou voir une expo, c’est un moment de plaisir et de découverte. Après une journée où je ne vis que des contraintes, je peux m’évader, retrouver d’autres personnes, être dans un moment collectif, et même prendre position ou exprimer une opinion sur ce que je viens de voir. Tout cela permet de reconsidérer la vie quotidienne sous un autre angle. »
Frédéric Lossent