S'il ne nie pas les difficultés du secteur de la protection de l'enfance, le Conseil général de Loire-Atlantique tient à préciser que des efforts importants ont été engagés (photo: archives LCS).
Le contexte
L’affaire avait commencé avec un billet d’humeur d’une quinzaine de travailleurs sociaux de l’Association d’action éducative (AAE) en février 2011 avant d’être relayé, un mois plus tard par quatre associations du secteur de la protection de l’enfance. Dans une lettre ouverte, elles faisaient part de leurs inquiétudes quant à l’évolution du secteur de la protection de l’enfance. Inquiétudes renouvelées ces dernières semaines : dans un nouveau courrier, ces quatre assos, rejointes par une cinquième, L’Étape, constataient que les conditions d’accueil des mineurs, le travail auprès des familles et les moyens alloués ne s’étaient pas améliorées. Dans sa réponse, le Conseil général reconnaît les difficultés auxquelles sont confrontées les associations mais il prend également soin d’apporter ses « éléments d’information et d’analyse ».
Un budget en hausse
De 2004 à 2011, le budget consacré à la politique de l’enfance a augmenté de près de 11 millions d’euros (+13%) pour atteindre 93 millions. En 2012, un nouvel effort a été réalisé avec une augmentation du budget de 7 millions d’euros (soit + 7,5%)
Sur le suivi éducatif en milieu ouvert
Le Conseil général rappelle « l’effort important réalisé depuis un an pour renforcer et mieux adapter l’offre d’aide à domicile ». 90 mesures supplémentaires d’aide éducative à domicile (dont 30 pour le soutien à domicile) ont ainsi créées. Une augmentation est prévue pour les heures de technicien en intervention sociale et familiale. « Conformément aux orientations retenues dans le schéma enfance-jeunesse-famille, écrit le vice-président Gérard Allard, l’objectif est de poursuivre le développement de ces actions à domicile le plus en amont possible en limitant le recours aux mesures judiciaires. »
Sur les placements
Là encore, le Conseil général partage le constat des associations : les places d’accueil en hébergement collectif ou en accueil familial manquent. « Il nous faut renforcer notre dispositif d’accueil, ce que nous avons fait ces derniers mois à travers le financement de places nouvelles dans des structures existantes. Mais il nous faut surtout mieux adapter notre offre aux besoins en prenant mieux en compte l’évolution des situations qui nous sont confiées. »
L’ouverture de la nouvelle structure gérée par l’association La vie au grand air et qui offrira 18 places d’hébergement et 6 autres places d’accueil de jour pour ados en grande difficulté, participe de cette volonté, selon le Conseil général. Même chose avec la décision d’étendre à tout le département l’expérience nantaise des « travailleurs sociaux ressources ». Ceux-ci doivent « aider à la construction de réponses sur-mesure pour des jeunes qui ne peuvent aujourd’hui intégrer nos divers services ». Le Conseil général souligne enfin qu’il travaille au renforcement des collaborations avec les acteurs du secteur judiciaire, médico-social ou de la pédo-psychiatrie. « L’amélioration de notre dispositif repose en grande partie sur notre capacité à travailler ensemble. »
Sur le dispositif d’urgence
Le Conseil général reconnaît l’engorgement et l’amélioration nécessaire du dispositif d’urgence. Mais « sa capacité a également augmenté en 2012 (5 places) », indique Gérard Allard qui souligne qu’un « travail de révision du protocole d’accueil d’urgence est en cours, avec les partenaires ».
L’impact des mineurs étrangers isolés
Le dispositif d’urgence du Conseil général a dû faire face à l’afflux de mineurs isolés étrangers arrivant en Loire-Atlantique. « En un an, le nombre de ces jeunes a progressé de 100% et a été multiplié par trois en deux ans », explique Gérard Allard qui poursuit : « Le Conseil général a la volonté que cet accueil soit le plus adapté possible aux problématiques de ces jeunes et que les capacités d’accueil existantes soient bien utilisées pour des jeunes, mineurs étrangers ou non, dont les besoins éducatifs le justifient. »
« Ainsi, afin d’offrir une prise en charge adaptée aux plus autonomes de ces jeunes mineurs étrangers, une nouvelle structure de 24 places est créée à titre expérimental. Gérée par l’association Saint Benoît Labre, elle a commencé à accueillir les premiers jeunes. » Les jeunes devenus majeurs se verront proposer un accompagnement plus adapté à leur degré d’autonomie et qui pourra prendre appui sur le CSAJ insertion.
Une réflexion collective
Le Conseil général rappelle que s’il est pilote de la protection de l’enfance et qu’à ce titre, il ne se défausse pas de sa responsabilité, il n’est pas seul. « Nous avons une responsabilité collective » avec la justice, le secteur médico-social, la pédo-psychiatrie et les associations habilitées. Une réflexion doit être engagée, « de façon à mieux articuler nos interventions », indique Gérard Allard qui souhaite organiser une rencontre avec les responsables associatifs, en septembre prochain.
David Prochasson
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