George Pau-Langevin, ministre déléguée à la réussite éducative, a rencontré vendredi 5 avril de jeunes décrocheurs et décrocheuses accompagnés par la Mission générale d’insertion de Nantes-Nord (photo : A. Penna).
Pour les nouvelles mesures, il faudra atteindre le 15 mai : elles doivent être annoncées à la Sorbonne lors de la journée nationale sur la Réussite éducative, organisée conjointement par les ministères de l’éducation nationale et de la ville. Mais en attendant, la ministre en charge de ce dossier crucial le prépare. George Pau-Langevin va à la rencontre des acteurs qui œuvrent en terme d’enseignement innovant mais aussi de lutte contre le décrochage scolaire. Car comme elle le rappelle : « dans la réussite éducative, évidemment, il y a la manière d’épauler les élèves qui sont en difficulté.»
L’Académie de Nantes serait plutôt bonne élève dans sa lutte contre le décrochage scolaire, mise en avant lors d’assises régionales. La ministre est donc venue voir sur place vendredi 5 avril. Elle s’est rendue au centre d’information et d’orientation (CIO) de Nantes-Nord, qui porte l’une des 16 plate-formes de suivi et d’appui aux décrocheurs (PSAD) des Pays de la Loire. Cette plate-forme coordonne toutes les structures d’orientation, de formation et d’insertion, offrant une « nouvelle chance » aux jeunes de plus de 16 ans sans diplôme.
Mission générale d’insertion
Pièce centrale de ce réseau du « raccrochage » : les Missions d’insertion générale (MGI) de l’éducation nationale. La ministre a donc aussi visité une MGI, celle installée au sein de l’établissement régional d’enseignement adapté (EREA) la Rivière, toujours à Nantes-Nord. George Pau-Langevin a rencontré les encadrants de cette MGI, ainsi que quelques uns des 72 élèves âgés de 17 à 20 ans au profil très diverses (allophones, mineurs étrangers isolés, difficultés sociales, situation de handicap…) mais tous décrocheurs orientés par la plate-forme PSAD. « Ils ont pour point commun d’être en rupture et on l’espère bientôt pour autre point commun d’accéder à un diplôme », a expliqué à la ministre Nicolas Madiot, coordinateur académique de l’insertion.
La ministre a échangé avec les jeunes de la MGI, dont un certain nombre est issu de la migration et bénéficie d'un module de français appliqués aux langues étrangères (FLE) (photo : A. Penna).
Ces jeunes décrocheurs bénéficient d’une remise à niveau dans les matière scolaires comme le français et les maths, d’un accompagnement sur leur projet professionnel mais aussi et surtout d’ateliers de remobilisation (slam, hip hop ou street art, etc) « Des produits d’appel !», s’exclament la ministre. Cela fonctionnerait plutôt bien. En un maximum (certains arrivent en cours d’année), environ les deux tiers retourneraient vers la formation ou l’emploi… et un tiers dans la galère. « On essaie de faire ce qu’on peut, mais chez nous aussi certains ne persévèrent pas», reconnaît le coordinateur Jérôme Gouyette. En tout cas, « à partir du moment où on s’occupe d’eux et où accompagnement individualisé, ils commencent à raccrocher », positive le formateur Jérôme Curien.
Au cas par cas
La ministre est enthousiaste : « C’est très instructif et très positif de voir la conviction des équipes sur le terrain, leur investissement pour faire en sorte que chaque jeune trouve une solution». C’est bien selon elle l’objectif de la réussite scolaire : « gagner pour chaque cas. » Et pour ceux qui décrochent même des dispositifs de raccrochage ? « Quand les problèmes et les freins sont identifiés, il faut réfléchir à des accompagnement complémentaires ailleurs.»
En visite dans un module d’aide au budget de la MGI, George Pau-Langevin a demandé aux élèves d’où ils venaient. « C’est en cherchant qu’on finit par trouver sa voie !», a-t-elle lancé pour encourager un jeune au parcours particulièrement sinueux. « Vous nous direz où vous en êtes quand je repasserai dans quelques années. » Ces jeunes ne seront plus là, mais en formation, avec un boulot… ou retournés dans la galère. Et le gouvernement aura-t-il avancé sur ce dossier ? Début de réponse le 15 mai à la Sorbonne mais aussi dans l’académie de Nantes qui organise simultanément une journée régionale sur le thème de la réussite scolaire.
Armandine Penna