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Comment l’aide alimentaire doit s’adapter
à de nouvelles contraintes
Publié le 12/03/2012
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De plus en plus de personnes ont recours à l’aide alimentaire, alors que les budgets publics sont globalement en érosion. Un constat partagé par l’ensemble des acteurs des CCAS. Mais sur le terrain, des pistes originales existent pour répondre à la demande, comme en témoignent les initiatives évoquées, lors de l’assemblée générale de l’Union départementale des CCAS de Maine-et-Loire vendredi 9 mars.
Lire également notre précédent article sur le développement des épiceries sociales




Les CCAS du Maine et Loire planchent sur l'évolution de l'aide alimentaire (photo : UDCCAS 49).

« Les publics qui contactent les CCAS sont nouveaux, constate Daniel Halty, chargé de développement du réseau à l’Union nationale (UNCCAS). Il y a cinq ans, les travailleurs pauvres ou les retraités que l’on reçoit aujourd’hui parvenaient à sortir la tête de l’eau ». Mais pour ces publics, l’aide alimentaire peut être un point d’entrée vers un accompagnement social qu’ils n’ont pas spontanément tendance à solliciter. « Un lieu de remise en route, un lieu de relation », souligne Éric Cochet, président de l’UDCCAS.

À Cholet, par exemple, l’association Éko-conso, créée il y a deux ans, propose des sessions de dix ateliers de cuisine à un public « en décrochage social ». Les dix personnes qui y participent sont orientées par le CCAS. « Nous travaillons des produits locaux et de saison, et ils apprennent ou réapprennent à les cuisiner », explique Olivia Baron, co-fondatrice de l’association. Mais pas seulement : en début de session, un cours est consacré au coût des produits, au budget d’un repas, comparaisons avec les plats tout préparés à l’appui. Objectif : « leur faire comprendre que cuisiner des légumes coûte moins cher  qu’acheter des barquettes, des burgers et des pizzas au supermarché ». Et puis c’est valorisant, de cuisiner : « Les gens arrivent cassés, ils repartent pleins de force, avec une vraie dynamique de vie ». Deux sessions se sont déroulées, le rythme pourrait passer à deux par an. Mais pour l’instant, le financement pérenne n’est pas encore trouvé.

Des « filets solidaires »

À Angers, pas moins de vingt-huit associations interviennent sur la distribution alimentaire. « L’aide alimentaire ne répond plus seulement à des besoins d’urgence », constate Rose-Marie Véron, adjointe au maire chargée de l’action sociale. La municipalité a créé une cellule de veille “aide alimentaire”. Elle a aussi et surtout mis en place un projet de “filets solidaires” sur trois quartiers, avec le Jardin de Cocagne angevin. Il s’agit de sacs ornés de la mention « des fruits et légumes pour tous », qui sont distribués chaque semaine à des angevins dont le revenu est en général légèrement supérieur aux minima sociaux.

Chaque semaine, des salariés en insertion du Jardin de cocagne angevin vont tôt le matin au marché d’intérêt national (Min) récupérer les fruits et légumes non commercialisables. « On récupère les deux tiers de ce qui serait autrement jeté », raconte Jean-Marie Beaucourt, président de l’association. Au total, 180 à 200 filets de 5 kilos sont écoulés chaque semaine. Les prix varient selon le quotient des quelque 450 bénéficiaires. Fin 2013, tous les quartiers devraient proposer cette aide. Objectif : 2 000 filets distribués chaque semaine.



Lors de l'AG des CCAS de Maine et Loire, le 9 mars 2012


« Les CCAS sont des donneurs d’ordre »

« Pour les nouveaux publics, qui ne veulent pas se faire remarquer, qui ont un peu honte, il faut imaginer de nouvelles formes de distribution », propose Éric Cochet. À Saint-Barthélemy-d’Anjou comme dans bien d’autres communes, une épicerie solidaire propose des produits à prix réduit à des personnes en situation de précarité.

Aux Ponts-de-Cé, également en périphérie d’Angers, quand la majorité municipale a basculé en 2008, l’association qui s’occupait de l’aide alimentaire a cessé son activité. Alors c’est au CCAS qu’est revenue la mission. « On a mis en place un réseau de bénévoles et embauché un conseiller en économie sociale et familiale, explique Isabelle Veron-Jamin, adjointe chargée de l’action sociale. On adapte notre distribution aux préférences alimentaires ou aux interdictions religieuses, cela nécessite une certaine gestion des stocks ».

Et en milieu rural ? La commune de Pouancé, à mi-chemin entre Angers, Laval et Rennes, a la réputation d’être généreuse depuis vingt ou trente ans. « On distribuait des tickets alimentaires assez facilement. La Banque alimentaire est maintenant arrivée chez nous. On ne donne presque plus de tickets, on les envoie avec un bon à la Banque alimentaire ». Travail partagé. « Les CCAS sont les donneurs d’ordre, c’est à eux de prendre les décisions réglementaires, explique Pierre Jaffrès, président de la Banque alimentaire de Maine-et-Loire. Ce qui se fait aux Ponts-de-Cé, c’est l’idéal, mais cela coûte cher à la collectivité ».

Baisse des crédits

L’inquiétude dominante chez les acteurs de l’aide alimentaire, c’est l’avenir du programme européen d’aide aux plus démunis (PEAD). L’enveloppe a été « très sévèrement rabotée », selon les mots de Daniel Halty. « En un an, elle est passée de 72 Millions d’euros à 15 millions d’euros ». L’aide a été sauvée pour deux ans, mais ensuite ? « Cela va coûter de plus en plus cher aux villes », soupire Éric Cochet. « Il faut attribuer des jardins familiaux dans les quartiers. Cela permet de faire baisser les dépenses ».

Antoine Humeau

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