Les salariés en insertion de Resto Troc livreront 44 repas chaque jour aux usagers du CHRS, "Les Petites Maisons" (Photo D. Prochasson).
L’un produit, le second confectionne tandis que le dernier consomme. C’est la chaine de l’aide alimentaire qui a achevé de se mettre en place à Angers (49) depuis la fin de l’été. Le schéma est simple. D’un côté, la Banque alimentaire et le Jardin de cocagne angevin. Ce sont eux qui livrent la matière brute, produits frais récupérés au MIN d’Angers ou denrées collectées grâce aux dons. De l’autre côté, Resto Troc. Grâce à ses salariés en insertion, l’association cuisine à partir des arrivages journaliers qu’elle reçoit.
Jusqu’à présent, ses 80 repas quotidiens étaient consommés dans son restaurant social, quartier Belle Beille. Désormais, Resto Troc en réalise une vingtaine de plus, le midi, pour les usagers du Centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) « Les Petites Maisons », géré par l’Abri de la Providence. À partir du 10 septembre, Resto Troc livrera également le soir. Au total, le partenariat permettra la confection de 44 repas chaque jour.
Cette nouvelle configuration a été rendue possible après que la préfecture a lancé un appel à projet pour la reprise de certaines activités de l’ex-association Promo Jeunes 49. Resto Troc a ainsi pu obtenir sept postes en insertion, conventionnés par le département. Ce qui porte sa capacité d’accueil à 14 salariés. « C’est toujours intéressant de se dire qu’on a pu conserver ces postes, commente Dominique Brunet, directrice de Resto Troc. Aujourd’hui, on a 87 personnes en attente d’une place en insertion. » Ce regain d’activité permettra, comme le souligne la présidente de l’association, Martine Caillat-Drouin, « de mettre les salariés encore plus près des situations d’emplois ».
Dans la lignée des Filets solidaires
Cette démarche de partenariat est la poursuite d’une réflexion initiée depuis plusieurs années à Angers. D’abord avec la Ville qui, constatant des carences sur le territoire en matière d’aide alimentaire, a construit un partenariat entre le CCAS et le Jardin de cocagne. Depuis avril 2011, ce chantier d’insertion redistribue une partie des produits frais qu’il trie et récupère au MIN, à la Ville. Cette opération, nommée « Filets solidaires » permet d’apporter une aide alimentaire aux personnes bénéficiant des minima sociaux.
Ces rapprochements s’inscrivent également dans les démarches de mutualisation et de coopération initiées depuis 2008 par la Fnars. « On a toujours voulu que ces rapprochements répondent d’abord aux besoins des publics accueillis », explique François Lebrun, chargé de mission à la Fnars. Dans un contexte où les politiques publiques imposent des regroupements à des fins économiques, ce type de projet est salué de manière unanime. « Au Jardin, on travaille sur la notion d’accompagnement global. Il fallait mettre en place ce partenariat, à plusieurs associations, pour la rendre réelle », explique Jean Presselin, président du Jardin de cocagne.
Réflexions autour de la restauration
D’autres réflexions sont en cours. L’une sur la création d’un service de restauration le soir, qui n’existe pour le moment pas à Angers. « L’idée serait que Resto Troc assure la préparation des repas et les Restos du Cœur s’occupent de la distribution dans un bus », explique François Lebrun, de la Fnars. Autre piste : la création à plusieurs associations d’une Halte de nuit. Celle-ci permettrait de faire face au faible nombre de places d’hébergement d’urgence disponibles à Angers. Inspirée de l’expérience menée à Chambéry (73), elle comporterait de véritables lits, contrairement à la plupart de ces dispositifs.
Enfin, le Jardin de cocagne et l’Abri de la Providence œuvrent à un nouveau rapprochement. Les deux associations aimeraient reprendre ensemble les ateliers d’adaptation à la vie active (AAVA) de l’ex-Promo Jeunes 49. Avant leur fermeture, ces ateliers étaient fréquentés par certains usagers et salariés en insertion des deux associations. Après l’échec d’une reprise par le Jardin de cocagne, les deux structures devraient rencontrer la Direction départementale de la cohésion sociale (DDCS) pour envisager l'avenir de cette activité.
David Prochasson