Lors du bilan d'étape du 15 janvier entre tous les partenaires départementaux (35) de "Parcours coordonné", des jeunes ont témoigné de l'intérêt pour eux de ce dispositif qui leur permet de se préparer aux métiers de l'animation sportive ou socio-culturelle (photo : A. Penna).
La galette des rois n’était qu’une invitation au partage. Les “chanceux” au centre de toutes les intentions, ce sont de toute façon les jeunes bénéficiaires du “Parcours coordonné”, un innovant dispositif d’insertion lancé par la direction des solidarités de la DDCSPP* d’Ille-et-Vilaine. Une dizaine d'entre eux sont venus à cette réunion bilan, sur les 34 engagés (la plupart ont entre 17 et 25 ans, 11 sont des filles).
Parcours progressif et actif
Les différents partenaires (Missions locales, Ligue de l’enseignement, Mission générale d’insertion de l’Éducation nationale, PJJ, l’association d’insertion par le sport BIS, etc.) présentent à tour de rôle les étapes sur lesquelles ils sont intervenus : information, recrutement, positionnement, formation, découverte professionnelle, suivi.
« Des étapes qui doivent amener ces jeunes en rupture sociétale et pas prêts à aller tout de suite vers le droit commun, à peu à peu s’insérer socialement puis professionnellement », explique Didier Buet, un des coordinateurs du projet au sein de la DDCSPP. 18 mois d'accompagnement doivent les amener à prendre en main leur avenir, en trouvant un emploi dans les métiers du sport ou de l’animation socio-culturelle.
« On fait tout pour que le jeune soit acteur de son parcours », insiste comme presque chacun des intervenants Sylvie Benoit. En tant que conseillère de mission locale, cette dernière travaille sur le suivi individualisé. Elle précise apprécier « la véritable coordination stimulante autour des jeunes ».
Parcours du combattant
Et pourtant, malgré son nom, ce parcours n’a pas été facile à coordonner. C’est une sorte de défi que s’est lancé le service des solidarités, comme le salue Xavier Gabillaud, directeur adjoint à la DDCSPP : « Au départ, c’était un peu une secte de gens motivés. Organiser un suivi longitudinal n’est pas dans les habitudes, ça a été un parcours du combattant. »
« Impossible d’être tous autour de la même table, seules les têtes de pont sont en contact », déplore le coordinateur Didier Buet, qui reconnaît la charge des agendas et la force des contraintes. En outre, la lourdeur des démarches administratives a souvent généré des retards dans la mise en œuvre.
Parcours en cours
D’où l’idée de ce temps de bilan et d’échanges, pour faire connaissance de façon informelle et se féliciter du chemin déjà parcouru. Après un “ séjour starter” où les jeunes ont posé leur motivation à travers des activités sportives et des ateliers d’expression, ils ont passé la première partie du Bafa et du brevet fédéral. La plupart se confrontent actuellement à la réalité du terrain sportif ou socio-culturel : ils sont en service civique au sein de structures correspondant à leur projet. Bref, ils se préparent et même se qualifient pour un “métier”. Si l’expérimentation est concluante, elle pourrait être étendue à d’autres secteurs, voire servir de modèle pour d’autres départements.
Parcours de transformation
« L’idée de ce parcours est de changer l’image négative qu’ont ces jeunes et qui peut bloquer les structures. Voilà pourquoi on est avec nos stagiaires à la fois bienveillant et exigeant », résume Patrice Beaux, chef du service des solidarités qui pilote le projet. Obtenir des diplômes, entrer dans une situation de réussite : « Il n’y a rien d’immuable quand on est jeune ! »
La réflexion est aussi de savoir comment leur donner un statut social. « On profite de notre position pour mobiliser les dispositifs de l’État », complète le coordinateur Didier Buet. Comme le Service civique mais aussi les emplois d’avenir qui pourraient permettre d’employer ces jeunes.
Parcours personnel
Nicolas Quemerais qui, petit en colo, rêvait d’être comme les animateurs, se dit conforté dans son envie de le devenir à son tour : « C’est une vraie opportunité qui m’a sorti de la merde ! » Claire Ould, décrocheuse pas encore majeure, se sent enfin « dans son élément ». En service civique dans une école, elle co-anime des temps périscolaire et se voit bien continuer. Gildas Creignou a quant à lui pris le parcours en cours de route, et si son « projet est encore vague », il sait que ça sera en rapport avec le sport, plus précisément le rugby dont il est fan. Il participe actuellement à l’entraînement de jeunes rugbymen dans un club local.
Parcours à finir
La balle est en tout cas dans leur camp, à eux de jouer pour réussir le Bafa, le brevet fédéral, ou encore le CQP (certificat de qualification professionnelle) d’animation sportive ou périscolaire, premier diplôme qui permet d’être rémunéré pour ça. « Cela peut être une fin en soi ou une étape. Mais ne vous arrêtez pas maintenant sinon on aura l’air de pas grand chose ! », lance Gaëlle Azure, professeur de sport et formatrice pour la DRJSCS (Direction régionale jeunesse et sports).
Nicolas veut être à la fois animateur sportif et culturel, Gildas se rêve directeur de club, Claire d’avoir son camping…
Armandine Penna
*Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations